REGISTRES
DU
BUREAU DE LA VILLE DE PARIS.
1539.
I. ----- PREPARATIFZ POUR L'ENTREE DE L'EMPEREUR W.
6 novembre i53g. (Fol. 2.)
Du jeudi vie jour de Novembre mil vc xxxix.
Aujourd'uy ont esté mandez messeigneurs Ies quatre Eschevins de la ville de Paris par monsei­gneur le Chancelier''2', luy arrivé en ceste ville et logé en l'ostel d'Ercules '3'. Auquel lieu se sont transpor­tez lesd, quatre Eschevins, acompaignez du greffier et, du procureur du Roy et de lad. Ville. Et eulx ar­rivez oud. lieu, ledit sr leur a remonstré et donné à entendre le voulloir et intencion du Roy qui est telle : Quc par cy devant nous avons veu l'Empereur et le Roy en grande inimitié; mais, la grâce à Dieu, ilz sont aujourd'uy en si grande amytié que led. seigneur Empereur a deliberé venir en France vers le Roy. Et combien que du temps de l'Archeduc qui jadis vint audit Royaulme' pour traicter quelques affaires avec le Royet luy, convynt bailler ostages pour sa personne, neantmoings led. seigneur Empereur demonstrant la grande confidence qu'il a envers le Roy et les Françoys, combien qu'il ne soit en riens
subgect aud. Royaulme, comme estoit led. Arche-duc, à cause de la conté de Flandres, vient aud. Royaulme sans avoir demandé aucuns hostages; et qui plus est, se remect du tout au Roy de luy faire bailler potagers, cuisiniers et autres officiers pour sa bouche. A ceste cause, le Roy voullant de sa part monstrer l'amytié reciproque envers led. seigneur Empereur, luy auroit dit qu'il eust à advertir mesd. srs de la Ville qu'il voulloit qu'on feist aud. Empe­reur la plus magnifique entrée et le plus riche pre­sent qu'il seroit possible; par quoy leur declairoit qu'ilz eussent à y adviser et à faire tenir la ville necte. Et après en avoir advisé et deliberé, qu'on luy feist savoir et entendre, pour en advertir led. sei­gneur. A quoy luy a esté faict responce par mesd. srsles Eschevins que l'argent estoit court à la Ville, et qu'ilz estoient prestz neantmoings à obeyr au Roy de tout leur pouvoir, et qu'ilz y adviseroient le plus brief-vement que faire se pourra. Mais quant au faict de
(i> Le registre H 1780, ou plutôt la partie de ce registre qui renferme les délibérations des années 1539-1544 est dépourvue de titre. Le premier feuillet est occupé par des lettres patentes du 3 février 1531, en faveur du Prévôt des Marchands et des Echevins de Paris, qui étaient poursuivis au Parlement par une veuve Le Picart, en réparation des dommages que des éboulements de terrains, occasionnés parles travaux faits aux remparts, avaient causés aux propriétés de cette dame. Le Roi décharge le Prévôt et les Echevins de toute responsabilité en cette affaire. Ces lettres ont été reportées à leur ordre chronologique dans le volume précédent.
'2) Guillaume Poyet, baron de Beine, chancelier de France (i538-i542).
(•*> L'hôtel d'Hercule était situé à l'angle de la rue et du quai des Augustins. Bâti par le président de la Chambre des Comptes, La Driesche, il tirait son nom de peintures à fresque représentant les travaux d'Hercule. Charles VIII l'acheta en 1493, et dès lors il fut plus communément appelé l'Hôtel du Roi, près les Augustins. Il paraît qu'il portait aussi, l'an 1-199, le nom d'Hôtel de Clérieu, dn nom d'un gouverneur de Paris, qui y était logé. Louis XII, qui y séjourna quelquefois avec Anne de Bretagne, en fit don au chancelier Du Prat, en i5i4. Jacques V, roi d'Ecosse, avait aussi demeuré à l'hôtel d'Hercule, lorsqu'il vint à Paris, en 1536, pour épouser Madeleine de France. (Sauval, Histoire ct Antiquités de la ville de Paris, t. U, p. 112, 187 -- -37-)
'4) Maximilien, premier archiduc d'Autriche, puis empereur d'Allemagne. Par son mariage avec Marie de Bourgogne, fille de Charles-le-Témérairc, il possédait le comté de Flandres que les rois de France persistaient à regarder comme relevant de leur cou­ronne.
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